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Date : 20040916

Dossier : A-78-04

Référence : 2004 CAF 303

CORAM :       LE JUGE LÉTOURNEAU

LA JUGE SHARLOW

LE JUGE MALONE

ENTRE :

                                          LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA

                                                                                                                                           demandeur

                                                                             et

                                                             BARRY C. DESSON

                                                                                                                                             défendeur

                                 Audience tenue à Toronto (Ontario), le 16 septembre 2004

                        Jugement rendu à l'audience à Toronto (Ontario), le 16 septembre 2004

MOTIFS DU JUGEMENT DE LA COUR :                                        LE JUGE LÉTOURNEAU


Date : 20040916

Dossier : A-78-04

Référence : 2004 CAF 303

CORAM :       LE JUGE LÉTOURNEAU

LA JUGE SHARLOW

LE JUGE MALONE

ENTRE :

                                          LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA

                                                                                                                                           demandeur

                                                                             et

                                                             BARRY C. DESSON

                                                                                                                                             défendeur

                                           MOTIFS DU JUGEMENT DE LA COUR

                          (Prononcés à l'audience à Toronto (Ontario), le 16 septembre 2004)

LE JUGE LÉTOURNEAU

[1]                Nous sommes d'avis que la présente demande de contrôle judiciaire visant une décision rendue par un juge-arbitre le 14 novembre 2003 devrait être accueillie.


[2]                Les faits de l'espèce ne peuvent être distingués de ceux de l'affaire Canada (Procureur général) c. Churchi, 2003 CAF 456, où la Cour a jugé que l'omission de payer une pension alimentaire pour enfants, en l'absence d'une explication ou d'une justification valable, équivalait à une inconduite au sens du paragraphe 30(1) de la Loi sur l'assurance-emploi, L.C. 1996, ch. 23.

[3]                Dans sa demande de prestations de chômage, le défendeur a dit à la Commission qu'il avait quitté son emploi parce qu'il avait perdu son permis de conduire, lequel était une condition de son emploi. La Commission a refusé sa demande de prestations au motif qu'il avait volontairement quitté son emploi sans justification. L'employeur a confirmé à la Commission que le défendeur aurait été rétrogradé à un poste saisonnier à temps partiel en raison de la perte de son permis de conduire, et ce, parce que les postes à temps plein exigeaient un tel permis. Le conseil arbitral (le conseil) a fait droit à l'appel interjeté par le défendeur parce qu'à son avis, aucune inconduite n'était reprochée au défendeur.


[4]                Il semble y avoir eu devant le conseil et le juge-arbitre quelques tergiversations quant à savoir si le demandeur avait été exclu du bénéfice des prestations parce qu'il « [avait] perd[u] [son] emploi en raison de son inconduite » ou parce qu'il « [avait] quitt[é] volontairement [son] emploi sans justification » . Le conseil a considéré la question d'exclusion du bénéfice des prestations comme reposant sur l'inconduite alors que le juge-arbitre a défini l'exclusion en fonction de la question de savoir si le demandeur avait ou non quitté son emploi sans justification. Nous tenons à rappeler qu'il importe peu que l'employeur ou l'employé ait pris l'initiative de mettre fin à la relation employeur-employé lorsqu'il a été mis fin à l'emploi par nécessité et qu'un acte répréhensible est la cause réelle de cette cessation d'emploi : voir Canada (Procureur général) c. Borden, 2004 CAF 176. Comme l'a dit le juge Marceau dans l'arrêt Smith c. Canada (Procureur général), [1998] 1 C.F. 529 (C.A.F.), au paragraphe 6, il s'agit alors de « l'inconduite, indépendamment d'une justification, et ce, selon l'un ou l'autre volet du paragraphe 28(1) [maintenant le paragraphe 30(1)] » . Le raisonnement est simple : vu que la question de droit en cause concerne une exclusion au titre du paragraphe 30(1) de la Loi, une conclusion en ce sens peut reposer sur l'un ou l'autre des deux motifs d'exclusion prévus par cette disposition, dans la mesure où cette conclusion s'appuie sur la preuve : voir Borden, précité, au paragraphe 6. « Cela ne cause aucun préjudice au demandeur parce qu'il sait qu'on cherche à obtenir une exclusion du bénéfice des prestations et qu'il connaît très bien les faits à l'origine de la demande d'ordonnance d'exclusion » : ibid.

[5]                En l'espèce, tant le conseil que le juge-arbitre ont mal compris la notion d'inconduite à laquelle renvoie le paragraphe 30(1) de la Loi. S'ils n'avaient pas mal interprété la loi, ils auraient conclu que le défendeur était exclu à bon droit du bénéfice des prestations de chômage en vertu du paragraphe 30(1).


[6]                Pour ces motifs, la demande de contrôle judiciaire sera accueillie, la décision du juge-arbitre sera infirmée et l'affaire sera renvoyée au juge-arbitre en chef ou à un juge-arbitre désigné par lui pour qu'il rende une nouvelle décision en tenant pour acquis que l'appel interjeté par la Commission contre la décision du conseil arbitral, datée du 13 mars 2003, doit être accueilli et que le défendeur doit être jugé exclu du bénéfice des prestations de chômage conformément au paragraphe 30(1) de la Loi.

« Gilles Létourneau »

Juge

Traduction certifiée conforme

Julie Boulanger, LL.M.


                                                     COUR D'APPEL FÉDÉRALE

                                              AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

DOSSIER :                                                                 A-78-04

INTITULÉ :                                                                LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA

c.        

BARRY C. DESSON

LIEU DE L'AUDIENCE :                                          TORONTO (ONTARIO)

DATE DE L'AUDIENCE :                                        LE 16 SEPTEMBRE 2004

MOTIFS DU JUGEMENT DE LA COUR (LES JUGES LÉTOURNEAU, SHARLOW ET MALONE)

PRONONCÉS À L'AUDIENCE PAR :                    LE JUGE LÉTOURNEAU

COMPARUTIONS :

Sharon McGovern                                                        POUR LE DEMANDEUR

Personne                                                                      POUR LE DÉFENDEUR

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER :

Morris Rosenberg                                                          POUR LE DEMANDEUR

Sous-procureur général du Canada

Toronto (Ontario)

Barry C. Desson                                                           POUR LE DÉFENDEUR

Niagara Falls (Ontario)


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