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Date : 20050621

Dossier : A-388-04

Référence : 2005 CAF 241

CORAM :       LE JUGE EN CHEF RICHARD

LE JUGE DÉCARY

LE JUGE NOËL

ENTRE :

LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA

                                                                                                                                          demandeur

                                                                             et

                                                         ANNE MARIE PENNEY

                                                                                                                                      défenderesse

                                                                             

Audience tenue à St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador), le 21 juin 2005.

Jugement rendu à l'audience à

St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador), le 21 juin 2005.

MOTIFS DU JUGEMENT :                                                                                       LE JUGE NOËL


Date : 20050621

Dossier : A-388-04

Référence : 2005 CAF 241

CORAM :       LE JUGE EN CHEF RICHARD

LE JUGE DÉCARY

LE JUGE NOËL

ENTRE :

LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA

                                                                                                                                          demandeur

                                                                             et

                                                         ANNE MARIE PENNEY

                                                                                                                                      défenderesse

                                                       MOTIFS DU JUGEMENT

(Prononcés à l'audience à St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador), le 21juin 2005)

LE JUGE NOËL

[1]                La Cour est saisie d'une demande de contrôle judiciaire déposée par la Commission de l'assurance-emploi du Canada à l'encontre de la décision d'un juge-arbitre accueillant l'appel interjeté par la défenderesse contre la décision d'un conseil arbitral.


[2]                Le juge-arbitre a déterminé que la défenderesse avait une « justification » au sens de l'alinéa 29c) de la Loi sur l'assurance-emploi, L.C. 1996, ch. 23 (la Loi) pour quitter son emploi en raison de la nécessité de prendre soin d'un proche parent et qu'en conséquence, on ne pouvait appliquer les exigences de l'article 18 en matière de disponibilité pour priver la défenderesse de son droit de percevoir des prestations. À ce sujet, le juge-arbitre précise ce qui suit :

[Traduction] Il me semble évident que la prestataire, qui était fondée à quitter son emploi, compte tenu des circonstances de l'époque, était incapable de prouver sa disponibilité au travail. Toutefois, l'intention du législateur n'était certainement pas d'appliquer l'article 18 de la Loi pour priver de ses droits un prestataire habilité à percevoir une prestation au titre de l'alinéa 29c)(v).

[3]                Le demandeur concède que la défenderesse était fondée à quitter son emploi mais il soutient que la nécessité pour elle de prendre soin d'une autre personne fait en sorte qu'elle n'est plus disponible pour travailler à plein temps, tel qu'exigé à l'article 18 de la Loi. Il ajoute que ce résultat n'a rien d'illogique, au vu de la jurisprudence de la Cour.

[4]                À notre avis, le juge-arbitre a omis de tenir compte des principes applicables en jugeant que l'article 18 ne pouvait s'appliquer aux circonstances de l'espèce. Les principes généraux relatifs à la disponibilité et à la justification en droit de l'assurance-emploi ont fait l'objet de nombreuses décisions. Dans Canada c. White, [1996] A.C.F. no 973, la Cour, s'appuyant sur Canada c. Faltermeier, [1995] A.C.F. no 1264, affirme ce qui suit :

[5] À notre avis, l'arrêt Faltermeier est décisif de la question soulevée par cette demande. La prestataire qui établit qu'elle était fondée à quitter volontairement son emploi au sens de l'article 28 de la Loi n'est pas inadmissible à recevoir des prestations, mais pour les toucher, elle reste assujettie à l'obligation prévue à l'alinéa 14a) de démontrer qu'elle était « disponible » pour travailler « pour tout jour ouvrable d'une période de prestations » . À notre sens, l'intimée n'a pas démontré ce à quoi elle était tenue en vertu de l'alinéa 14a) de la Loi.


[5]                Dans Faltermeier, le juge Marceau explique que l'objet fondamental de la Loi sur l'assurance-emploi est d'offrir une aide à ceux qui se retrouvent soudainement sans emploi, jusqu'à ce qu'ils soient en mesure de trouver un nouvel emploi, et qu'il « n'appartient ni au juge-arbitre ni à un tribunal de créer une loi en matière d'aide sociale à partir des lois actuelles du Parlement qui n'ont pas pour objet de résoudre ce problème » (paragraphe 15).

[6]                La Cour a également retenu le raisonnement de Faltermeier dans Donahue c. Canada, [1998] A.C.F. no 935 (demande d'autorisation d'appel à la Cour suprême du Canada refusée le 25 mars 1999, CSC 28667) et ce raisonnement s'applique toujours. Il s'ensuit que le juge-arbitre ne pouvait renoncer à appliquer le critère de disponibilité au motif que la défenderesse était fondée à quitter son emploi.

[7]                La demande de contrôle judiciaire sera donc accueillie, la décision du juge-arbitre sera annulée et l'affaire sera renvoyée au juge-arbitre en chef ou à son représentant désigné pour qu'une nouvelle décision soit rendue, qui tienne compte du fait que l'appel interjeté à l'encontre de la décision du conseil arbitral doit être rejeté.

               « Marc Noël »                            

Juge

Traduction certifiée conforme

Richard Jacques, LL.L.


                         COUR FÉDÉRALE DU CANADA

                      AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

DOSSIER :                                                     A-388-04

INTITULÉ :                                                    PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA c.     ANNE MARIE PENNEY

LIEU DE L'AUDIENCE :                              ST. JOHN'S (TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR)

DATE DE L'AUDIENCE :                            LE 21 JUIN 2005

MOTIFS DU JUGEMENT :                         LE JUGE EN CHEF RICHARD

LE JUGE DÉCARY

LE JUGE NOËL

PRONONCÉS À L'AUDIENCE PAR :        LE JUGE NOËL

DATE :                                                                        Le 21 juin 2005

COMPARUTIONS :

Susan Inglas                                                      pour le demandeur

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER :

John H. Sims, c.r.                                              pour le demandeur

Sous-procureur général du Canada

Ottawa (Ontario)

Anne Marie Pennie                                            agissant en son propre nom

St. John's (T.-N.)


            Date : 20050621

                                                                         Dossier : A-388-04

St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador), le 21 juin 2005

CORAM :       LE JUGE EN CHEF RICHARD

LE JUGE DÉCARY

LE JUGE NOËL

ENTRE :

LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU CANADA

                                                                                          demandeur

                                                     et

                                 ANNE MARIE PENNEY

                                                                                      défenderesse

                                           JUGEMENT

La demande de contrôle judiciaire est accueillie, la décision du juge-arbitre est annulée et l'affaire est renvoyée au juge-arbitre en chef ou à son représentant désigné pour qu'une nouvelle décision soit rendue, qui tienne compte du fait que l'appel interjetéà l'encontre de la décision du conseil arbitral doit être rejeté.

« J. Richard »

Juge en chef

Traduction certifiée conforme

Richard Jacques, LL.L.


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