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                                                                                                                                            Date : 20020301

                                                                                                                                Dossier : IMM-6259-00

                                                                                                               Référence neutre : 2002 CFPI 210

Entre :

                                                            NAN LU

                                                                                                                    Demandeur

                                                               - et -

                                     LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ

                                               ET DE L'IMMIGRATION

                                                                                                                     Défendeur

                                           MOTIFS DE L'ORDONNANCE

LE JUGE PINARD :

[1]         La demande de contrôle judiciaire vise une décision rendue le 3 novembre 2000 par Nicole Genest, un agent des visas au Consulat général du Canada à New York, refusant la demande de résidence permanente du demandeur.

[2]         Le demandeur est citoyen de la Chine. Il a présenté sa demande de résidence permanente le 16 août 1997 dans la catégorie des demandeurs indépendants à titre de programmeur.


[3]         Le demandeur a été évalué au regard de cette profession (catégorie 2163 de la Classification nationale des professions) lors d'une entrevue le 3 juin 1999. À l'issue de cette entrevue, l'agent lui a fait parvenir une lettre datée du 3 novembre 2000, l'informant que sa demande de résidence permanente était refusée au motif qu'il n'avait obtenu que 68 des 70 points requis par le Règlement sur l'immigration de 1978.

[4]         Les points d'appréciation suivants ont en effet été accordés au demandeur :

FACTOR                                    UNITS

Age                                                               10

Occupation                                                  10

ETF                                                              15

Experience                                                   06

Demographic Factor                                   08

Education                                                    15

English                                                         02

Bonus                                                           00

French                                                          00

Suitability                                                    02

TOTAL                                                         68

[5]         Comme l'a clairement établi la Cour d'appel fédérale dans l'arrêt Chiu Chee To c. Ministre de la Citoyennetéet de l'Immigration (22 mai 1996), A-172-93, la norme de contrôle judiciaire qu'il convient d'appliquer à l'égard des décisions discrétionnaires d'un agent des visas en ce qui concerne les demandes d'immigration est la même que celle énoncée par la Cour suprême du Canada dans Maple Lodge Farms Limitée c. Gouvernement du Canada et al., [1982] 2 R.C.S. 2, où le juge McIntyre écrit aux pages 7 et 8 :

. . . C'est aussi une règle bien établie que les cours ne doivent pas s'ingérer dans l'exercice qu'un organisme désigné par la loi fait d'un pouvoir discrétionnaire simplement parce que la cour aurait exercé ce pouvoir différemment si la responsabilité lui en avait incombé. Lorsque le pouvoir discrétionnaire accordé par la loi a été exercé de bonne foi et, si nécessaire, conformément aux principes de justice naturelle, si on ne s'est pas fondé sur des considérations inappropriées ou étrangères à l'objet de la loi, les cours ne devraient pas modifier la décision. . . .

[6]         Le demandeur allègue en premier lieu que l'agent a erré en n'ayant pas considéré qu'il a une soeur citoyenne canadienne.


[7]         Je suis d'avis que l'agent a respecté les principes d'équité de procédure en l'espèce. En effet, celle-ci a demandé au demandeur, avant de prendre sa décision, de lui faire parvenir les documents nécessaires pour prouver le lien de parenté avec sa soeur alléguée. À la lumière de la preuve au dossier, je considère que l'agent a donné suffisamment de temps au demandeur pour lui fournir les documents pertinents. Je crois aussi que l'agent a raisonnablement conclu que les documents reçus le 30 novembre 2000, environ un mois après l'envoi de la lettre de refus, n'établissaient pas de lien de parenté en raison de la mauvaise qualité de la fiche relative au droit d'établissement et du fait que la date de naissance sur le certificat avait été modifiée.

[8]         Le demandeur conteste en outre l'évaluation de l'agent de sa connaissance de l'anglais écrit. L'agent des visas est mieux placé que cette Cour pour évaluer les aptitudes linguistiques d'un demandeur (Milovanova c. Ministre de la Citoyennetéet de l'Immigration (7 septembre 1999), IMM-4558-98). Après lecture de l'affidavit de l'agent et de ses notes d'entrevue, je ne suis pas satisfait que son évaluation de la connaissance de la langue anglaise par le demandeur est déraisonnable.

[9]         Le demandeur soutient enfin que l'agent a commis une erreur en ne considérant pas les fonds ainsi que la propriété immobilière de son épouse. De fait, pour évaluer les fonds disponibles du demandeur, l'agent a requis des éléments de preuve reliés tant à sa situation qu'à celle de son épouse. Les renseignements financiers que le demandeur a fournis ne permettaient pas, selon l'agent, d'évaluer s'il avait les fonds nécessaires pour l'aider à s'établir avec succès au Canada. En outre, l'agent a noté plusieurs contradictions dans les documents reçus et a indiqué ce qui suit au paragraphe 27 de son affidavit :

As I explained in my CAIPS notes, there were discrepancies between the information in the document of November 1998 (CTR, page 12) and the document dated July 1999 (CTR, page 58). The amounts of the deposit and the terms were different and the currencies were inconsistent. Consequently, I still had concerns about the Applicant wife's claimed funds available in China, which had not been resolved by the Applicant.


[10]       À la lumière des notes d'entrevue de l'agent, de son affidavit ainsi que de la preuve au dossier (incluant les pages 12 et 58 du dossier du tribunal), je suis d'avis que celle-ci n'a pas eu tort de demander des renseignements financiers comme elle l'a fait, ni de déterminer que ceux fournis n'étaient pas suffisants pour qu'elle puisse bien évaluer les fonds dont le demandeur pouvait disposer.

[11]       Quant à la propriété de l'épouse, le demandeur a fourni à l'agent un seul document, soit un « Notarial Certificate of Kinship » au nom de l'épouse. Contrairement à l'affaire Bakhtiania c. Ministre de la Citoyennetéet de l'Immigration (24 juin 1999), IMM-3162-98, ce document n'est pas un acte de cession. Je suis donc d'avis que l'agent a raisonnablement conclu qu'à lui seul ce document n'était pas suffisant pour établir les fonds d'établissement.

[12]       Pour toutes ces raisons, la demande de contrôle judiciaire est rejetée.

                                                                         

       JUGE

OTTAWA (ONTARIO)

Le 1er mars 2002


COUR FÉDÉRALE DU CANADA

SECTION DE PREMIÈRE INSTANCE

NOMS DES AVOCATS ET DES AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

DOSSIER: IMM-6259-00

INTITULÉ: Nan Lu c. Le Ministre de la citoyenneté et de l'immigration

LIEU DE L'AUDIENCE: Montréal (Québec)

DATE DE L'AUDIENCE: 5 février 2002

MOTIFS DE L'ORDONNANCE DE MONSIEUR LE JUGE PINARD EN DATE DU: 1 mars 2002

COMPARUTIONS:

Me Michelle Langelier POUR LE REQUÉRANT

Me Thi My Dung Tran POUR L'INTIMÉ

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

Me Michelle Langelier POUR LE REQUÉRANT Montréal (Québec)

Morris Rosenberg POUR L'INTIMÉ Sous-procureur général du Canada

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